Durant ces vacances espagnoles, j’en profitais pour savourer la lenteur de la vie. Regarder les heures passer à leur juste vitesse. Vivre chaque minute. Profiter de chaque couleur qui se dégageait de ce pays si vivant.
C’était la première fois que nous partions tous ensemble. Une épreuve de plus à vivre. Rien n’était simple. Et je détestais ça. Pour autant j’étais persuadée que c’était une étape à franchir.
« Just kids » de Patti Smith me permettait de m’évader et de prendre encore plus conscience de l’importance pour moi de créer des choses. J’avais toujours imaginé que les artistes tels que nous les connaissions aujourd’hui avaient fait « ça » toute leur vie. Et c’était vrai en quelques sortes, ils avaient été artistes toute leur vie mais pas spécialement dans l’art pour lequel ils avaient acquit une notoriété.
Lire que Patti écrivait des poèmes depuis son enfance alors que j’étais persuadée qu’elle grattait une guitare m’avait surpris. Cela me renvoyait à mes propres carnets que j’avais entamé depuis ma plus tendre enfance, à mes gribouillis non terminés, mes début de solfège, mes tableaux ratés… je me suis toujours dit que je n’étais pas assez passionnée. Que mon intérêt de quelques minutes pour les arts ne pouvaient forcément me conduire quelque part. C’est bien connu, c’est le travail acharné qui est payant. J’ai donc laissé tomber au fur et à mesure, jusqu’à avoir une phase complètement improductive.
Et j’ai divorcé.
J’ai divorcé de ce qui m’éloignait de moi-même, j’ai divorcé de ce qui m’empêchait d’être créative sous prétexte que ça ne rapportait rien. J’ai divorcé aussi de l’idéal de vie que s’imaginait ma mère. J’ai laissé tout ça derrière moi quand j’ai compris que la vie était bien trop courte pour s’empêcher d’exister, de sentir, de savourer, de vivre…
La naissance de mon fils m’avait ouvert les yeux sur ce qu’était devenue ma vie. à quel moment m’avait-elle échappé? Je ne sais plus très bien. Toujours est-il que j’avais refait une crise d’adolescence à 27 ans. J’avais décidé de tout remettre en cause y compris mes choix. Etrangement personne ne m’avait poussée dans tout ça. J’ai toujours cru être sur le droit chemin. Je me trompais lourdement.
Aujourd’hui, sous le poids du soleil espagnol, j’étais de nouveau dans cette période floue. Mes choix professionnels m’ont déstabilisée. Je suis sortie de ma zone de confort après toutes ces années. Mes choix privés ont suivis le même chemin. Et si je n’étais pas dans le bon? Et qu’est-ce qui est « le bon »? Une chose était certaine, je me devais de continuer de créer des choses. Peu importe qu’elles soient mauvaises ou pas. L’importance était de continuer cette gymnastique cérébrale si chère à mes yeux.
Un jour, je comprendrai probablement pourquoi…